55 Musiques (s) afro-américaines (s)

La Sonate n?32 pour piano op.111 constitue une démonstration de modernité radicale. Elle entame l'éclatement formel de la sonate - pilier formel pour tout compositeur du XVIIIe siècle - et introduit une nouvelle façon de construire la phrase musicale, jusqu'à être considérée par certains comme les prémices du jazz. Les innovations apportées dans le domaine rythmique ont laissé perplexes la plupart des contemporains du compositeur. Voici un espace idéal à investir avec le trio Aka Moon qui fait appel pour l'occasion à trois personnalités musicales fortes : le chanteur Fredy Massamba, "story teller" africain, l'étoile montante de l'accordéon portugais João Barradas et le pianiste Fabian Fiorini. C'est dans ce carrefour aux résonances multiples que Fabrizio Cassol approche cette sonate, en synchronisant des espaces émotionnels au-delà des époques, des cultures, des points de vue sociaux ou esthétiques.

Richie Beirach et Gregor Huebner jouent ensemble depuis plus de 20 ans. Cet collaboration est admirablement célébrée ici dans ce disque enregistré suite à une résidence d'une semaine au Birdland de la Big Apple. A noter les musiciens de haut vol qui entourent le duo : Michael Brecker, et la formidable section rythmique composée de George Mraz et Billy Hart.

Le saxophoniste ténor Binker Golding et le batteur Moses Boyd figurent parmi les jeunes musiciens les plus actifs et reconnus de la nouvelle scène jazz de Londres.

Cet hommage à Nat King Cole se retrouve ici agrémenté d'un live complet, enregistré en juillet 2016 dans le cadre du festival Jazz à Vienne. Après avoir été le chanteur du groupe rock The Hoax, Hugh Coltman assume et transcende sa nouvelle orientation jazz. Il recrée ici avec beaucoup de chaleur, de swing et de sincérité une bonne dizaine de standards immortalisés par l'un des plus grands crooners de tous les temps, Nat King Cole - disparu il y a tout juste cinquante ans.

Un jour, à propos d'Andrey Tarkovsky, Ingmar Bergman a commenté : "il avance avant tant de naturel dans la chambre des rêves". C'est bien en hommage à ce langage onirique que le quartet franco-allemand s'est baptisé du nom du grand réalisateur russe. Pour le leader et pianiste François Couturier, "le silence et la lenteur de Tarkovsky" sont dans la droite ligne de l'esthétique ECM, elle-même au coeur du troisième album de l'ensemble intitulé Nuit Blanche. Ici les pièces, composées ou crées dans l'instant par Couturier, la violoncelliste Anja Lecher, le saxophoniste Jean-Marc Larché et l'accordéoniste Jean-Louis Matinier, explore la texture des rêves et de la mémoire, et prolonge en oblique la référence à Tarkovsky.

Dans ce disque le trio revendique des sonorités multiples et refuse la rigidité des genres. De cette envie de tour du monde, le groupe a la volonté de faire résonner par dessus les murs une musique insatiable de liberté et nourrie de collaborations, fier d'emporter dans son souffle l'intelligence de jeu de Mohamed et de Marian injectant ainsi des langages divers venant de l'Est, des Balkans (Roumanie, Bulgarie) et du Nord Afrique.

Accompagnée par une formation italienne, la grande dame du jazz enregistre à Rome au début des années soixante 12 sublimes standards. Chaque chanson est précédée par sa récitation en italien. Une ambiance magique pour un album sensuel et intimiste.

Deuxième enregistrement du trio avec Marc Copland et Joey Baron, partenaires de longue date et dans de multiples contextes. Les trois membres contribuent au répertoire. Mais le trio revisite également le Blue in green de Miles Davis ainsi que le thème composé par Alex North pour le film de Stanley Kubrick, Spartacus qui se révèle une fois encore un formidable matériau propice à l'improvisation. Tangents a été enregistré à Lugano en mai 2016 et est produit par Manfred Eicher.

Dans cet album, la musicienne s'engage dans une collaboration avec les écrivains et musiciens Patrick Warren, Brian MacLeod et David Baerwald. Tous trois composant également la section rythmique du groupe tout au long de l'enregistrement. Ensemble ils jettent un regard sobre, poétique et parfois même philosophique sur l'état actuel du monde. Produit et co-écrit par Larry Klein, le disque a pris forme au cours de l'année 2016 qui a vu les électeurs américains porter au pouvoir Donald Trump, les auteurs absorbant "un flux constant d'informations" durant ces mois cruciaux. Cherchant "à volontairement ne pas trop donner de leçon", Peyroux dans ses chansons, patiemment élaborées et affinées dans un processus collectif d'écriture, passe du politique à l'évocation de son monde personnel, mêlant l'universel et l'intime en un équilibre parfait entre humour noir et compassion.

Violoniste virtuose mais dotée d'un profonde sensibilité, aussi à l'aise dans le jazz contemporain, l'interprétation des standards ou les contextes proches du rock, elle pratique également le chant avec exigence depuis quelques années. Depuis Silky en 1992, Debora Seffer a enregistré huit albums, mais ce neuvième opus possède un parfum bien particulier. Au carrefour du jazz et de la musique ethnique, il se révèle un lieu de belles rencontres. De ses racines hongroises, elle a gardé un goût prononcé pour la riche musique folklorique magyare. Ce disque lui permet de transcender cette appétence avec cette figure majeure de la scène jazz européenne qu'est le pianiste franco-serbe Bojan Z, le tout soutenu par une section rythmique à toute épreuve. En résulte une formation au service d'une musique haute en couleurs, à la fois lyrique et rythmée, forte et subtile, d'une authenticité qui va au plus profond de l'âme, et qui fait se rencontrer musiques d'Europe Centrale et afro-américaines pour le meilleur de tous ces mondes.

En 2016, Label Bleu fêtait ses 30 ans d'existence. Afin de célébrer cet anniversaire, le label a choisi de proposer une carte blanche au musicien qui a enregistré le plus grand nombre d'albums depuis sa création en lui associant des improvisateurs incontournables de son histoire. Cet artiste, c'est la figure emblématique du jazz européen Henri Texier. ses côtés, à l'affiche de cette soirée remarquable : Michel Portal, multi-instrumentiste habité, inimitable ; Bojan Z, créateur majeur du jazz d'aujourd'hui, inventeur subtil, une énergie musclée et une science rythmique à couper le souffle ; Thomas de Pourquery, saxophoniste électrique et éclectique, chercheur insatiable de pépites musicales ; Edward Perraud, batteur, improvisateur voguant de la musique contemporaine au jazz, des voyages fortissimo loin de toutes chapelles ; Manu Codjia, guitariste hautement inspiré qui a su et continue d'illuminer les musiques des plus grands (Humair, Texier, Truffaz, etc.), musicien engagé en quête de sons et de phrasés inouïs.